CONSTAT DE LA DISPARITION
Le déclin des abeilles est un phénomène mondial observé depuis le milieu des années 1990.
En Europe :
Le taux de mortalité atteint jusqu’à 80 % dans certaines ruches d’Europe. En effet, il manquerait 13 millions de colonies d’abeilles domestiques en Europe pour polliniser les cultures. Une enquête nommée “Epilobee” a alors été menée. Elle montre que les pays du Nord de l’Europe sont frappés par des mortalités très supérieures à celles qui touchent le pourtour méditerranéen. En cumulant les mortalités hivernales et estivales la Belgique apparaît comme le territoire le plus touché avec un taux de mortalité de 42.5% suivie de près par le Royaume-Uni (38.5%), la Suède (31.5%), la Finlande (29.8%) et la France avec 27.7%. Ces résultats confirment la mauvaise santé des pollinisateurs. Les pays du Sud paraissent moins touchés par ce déclin avec seulement 9.1% de pertes en Grèce, 7.6% en Italie et 16.3% en Espagne. Mais lors de la saison apicole, c’est en France que le taux de mortalité est le plus élevé avec 13.6% contre moins de 10% dans tous les autres pays étudiés. De l'ordre de 33 000 tonnes par an en 1995, la production annuelle française de miel est aujourd'hui d'environ 15 000 tonnes, ce qui représente une diminution de plus de 50%. En France, près de 30% des colonies d’abeilles disparaissent chaque année. En 10 ans, 15 000 apiculteurs ont cessé leur activité.
En Chine :
Dans la région de Sichuan, les abeilles auraient totalement disparu à cause d’une trop forte consommation de pesticides. Des “hommes-abeilles” pollinisent donc eux-mêmes, avec leurs propres mains.
Aux Etats-Unis :
L’université américaine du Maryland a rendu publics les résultats de son enquête annuelle sur les mortalités d’abeilles. Selon les données recueillies, les apiculteurs américains ont perdu en moyenne 42,1 % de leurs colonies entre avril 2014 et avril 2015. Pour la première fois, les mortalités hivernales ont été inférieures aux mortalités intervenues au cours de la saison d’activité des ruches. Les apiculteurs ayant répondu à l’enquête – qui possèdent 15 % des colonies d’abeilles domestiques du pays – ont perdu 27,4 % de leurs colonies au cours de la saison active. L’année précédente ce même chiffre n’était que de 19,8 %.
Au Canada :
Selon des données préliminaires, la moitié des abeilles du Canada pourraient avoir trouvé la mort au printemps 2018. La Fédération des apiculteurs du Québec estime les pertes à plus de 50 % cette année alors qu’elles n’étaient que de 21% en 2017 et de 16% en 2016.
On remarque que les abeilles disparaissent et meurent beaucoup plus dans les pays nordiques. Et pourtant certains pays du Sud sont également touchés comme l’Afrique du Sud:
Les ruches s'éteignent les unes après les autres. Une épidémie de loque américaine, une maladie mortelle pour les ruches causée par un germe, est en train de faire des ravages pour la première fois dans l'histoire récente du pays. Les experts redoutent que la maladie ne se propage vers le nord, pour s'étendre au reste du continent africain, où l'apiculture artisanale fait vivre des centaines de milliers de personnes.
Mais pourquoi le nombre d’abeilles dans le monde ne cesse de diminuer? Quelles sont les causes de ce déclin?
CAUSES DE LA DISPARITION
Après le constat de l’augmentation du taux de mortalité des abeilles, des recherches ont été lancées pour essayer d’en connaître les causes. On a alors découvert que celles-ci étaient nombreuses: les pesticides, les ondes électromagnétiques, les acariens, les parasites, la disparition des habitats naturels en raison des monocultures… et ce ne sont ici que les plus importantes.
I) Les pesticides
Les pesticides sont pour l’heure la principale cause de la disparition des abeilles. En particulier les néonicotinoïdes qui sont une classe d’insecticides neurotoxiques, présents sur le marché depuis 1994. Ils sont systémiques, c’est-à-dire qu’ils sont diffusés dans l’ensemble des parties de la plante, y compris les fleurs, dans lesquelles les abeilles vont puiser le pollen et le nectar. Ils regroupent des molécules telles que l’Imidaclopride, le Thiaméthoxam ou la Clothianidine commercialisées sous les noms de Gaucho ou de Cruiser. Depuis lors, environ 300 000 ruches périssent chaque année et doivent être reconstituées. Les mortalités sont passées de 5 à 30% de nos jours. Les rendements de miel par ruche ont été significativement réduits divisant la production de miel française par deux en 20 ans. En mars 2012, pour la première fois, une équipe de recherche française mettait en évidence le rôle d’un insecticide dans le déclin des abeilles, non pas en les tuant directement mais en les désorientant. Les travaux des chercheurs ont ainsi montré que l’exposition à une faible dose, bien inférieur à la dose létale, d’insecticide entraîne une disparition des abeilles deux à trois fois supérieure à la normale. Lorsqu’une abeille butine alors une fleur traitée, elle meurt avant d'avoir pu retourner à la ruche. Ainsi, 80 000 abeilles peuvent être tuées par un seul grain de maïs enduit dans 0,5 mg de Clothianidine! La multiplication des substances chimiques et des pesticides (Cruiser, Gaucho, Pongo, Cheyenne) dans l'environnement est donc majoritairement responsable du déclin des abeilles.
Certains pays ont alors décidé d’interdire certaines substances pour préserver les abeilles. En Europe 3 substances ont été interdites:
Le Thiamétoxane L’Imidaclopride Le Clothianidine
Ici, une affiche a été créée par VISACTU pour mettre en avant les dangers que représentent les néonicotinoïdes pour les abeilles et pour montrer les actions de l'Europe face à cela. L'Europe doit montrer l'exemple aux autres pays.
Car en effet ce n'est pas comme ça partout. En Chine, dans la province du Sichuan, les abeilles et les insectes pollinisateurs se sont éteints à cause de l'utilisation incontrôlée des pesticides depuis les années 90.
II) Les monocultures
La monoculture est le fait de cultiver un seule espèce végétale. C’est ce type d’agriculture qui vont rendre les paysages monotones et faire diminuer les variétés de plantes. Elle va donc limiter la quantité de nourriture à laquelle les pollinisateurs ont accès dans la durée. Elle aura donc un impact sur l’alimentation des abeilles et celles-ci, mal nourries, vont tomber malade ou mourir et sur le long terme des milliers d’abeilles vont s’éteindre. Mais les monocultures détruisent également l'habitat des abeilles. Car pour créer des champs afin de cultiver, les agriculteurs doivent d'abord raser ce qu'il y avait avant : dont les arbres, les ruches et les plantes. Ce processus fait donc forcément diminuer le taux d'abeilles à ces endroits là puisqu'elles n'ont ni habitat ni nourriture. Seulement ces monocultures sont présentes un peu partout dans le monde: elles sont donc l’une des grandes causes du déclin mondial des abeilles.
III) Les ondes électromagnétiques
La pollution électromagnétique serait l'une des causes de l'effondrement de la population d'abeilles dans le monde, c'est ce qu’a confirmé une étude réalisée par le biologiste Daniel Favre, en Lausanne (Suisse). Dans son étude, le scientifique a analysé les effets des ondes électromagnétiques provenant des téléphones mobiles sur le comportement des abeilles. Les téléphones mobiles ont été placés à proximité immédiate des abeilles et les sons produits par les abeilles ont été enregistrés et analysés. Les recherches ont montré que le signal des téléphones cellulaires trouble le comportement des abeilles. “Lorsque le téléphone sonne, le bruit des abeilles augmente considérablement et cela donne le signal du départ de la ruche" a expliqué le Dr. Favre. “Souvent, elles sont si confuses qu'elles volent vers leur mort'’.
IV) Le frelon asiatique
Le frelon asiatique est originaire d’une zone géographique allant du Cachemire à la Chine. Il y a encore 15 ans, le frelon asiatique n’était pas ou peu présent en France, mais depuis son introduction sur le territoire à peu près en 2004, l’insecte ne cesse d’élargir son terrain d’occupation. Le problème est qu’il représente un grand danger pour les abeilles. Il se nourrit de fruits, mais aussi d’insectes. Il se place à l’entrée des ruches, en vol stationnaire et se rue sur l’abeille qu’il capture avec ses longues pattes pour l’emmener à manger aux larves de son nid, sous forme d’une boulette. Les dégâts qu’il cause sur les ruches sont catastrophiques, surtout en fin d’été où il peut aller jusqu’à piller le couvain en plus de tuer les ouvrières.
V) Le Varroa Destructor
Le Varroa Destructor est une espèce d'acariens parasites de l'abeille originaire de l'Asie du Sud-Est. Ce parasite provoque des pertes économiques importantes en apiculture et il est l’une des causes de la diminution du nombre d'abeilles. Ayant colonisé quasiment toutes les zones où l’Apis mellifera est présente, la varroose est désormais un problème d'ordre mondial. Le varroa s'attaque aux abeilles adultes, mais également aux larves et décime les ruches. En se nourrissant de l’hémolymphe, le varroa prive l’abeille de nombreuses cellules sanguines et de protéines. La gelée royale produite par les nourrices est alors de moins bonne qualité ce qui nuit au bon développement du couvain. Mais l’effet le plus dévastateur est la transmission des maladies lors des piqûres ou ultérieurement car la plaie reste ouverte et devient un foyer infectieux. Ainsi, la varroose est souvent associée au développement de malformations ou d’autres maladies telles que le couvain sacciforme, les loques, la paralysie aiguë... Pour les apiculteurs, il faut donc surveiller régulièrement l'état des ruches, car aucune solution n’existe pour tuer ce parasite sans tuer les abeilles.
VI) Le Nosema Cerenae
Le Nosema Ceranae est une espèce de champignons microscopiques unicellulaires parasites d'origine asiatique. Il se développe à l’intérieur d’une cellule et s’y différencie en spores. Il provoque des infections fongiques, dites nosémoses, chez certaines espèces d'insectes, dont l'abeille. La nosémose est une maladie présente chez les abeilles adultes qui affecte le tube digestif et provoque des diarrhées aiguës pouvant aller jusqu’à la mort de l’abeille et donc causer la perte de la colonie si de nombreuses ouvrières sont touchées.
Mais les raisons de ce déclin ne s’arrêtent pas là. Des études se font encore sur les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) par exemple qui pourraient peut-être avoir un impact néfaste sur les abeilles mais les chercheurs n’en sont pas certains. On remarque cependant que l’Homme joue un rôle important dans les causes de cette disparition.
Mais quelles seront surtout les conséquences?